PNACC-3 : comment s’adapter au changement climatique ?
Quels sont les risques climatiques à venir et comment les anticiper ? Guillaume Becker, décrypte le PNACC-3 et partage des solutions clés pour aider les organisations à se préparer.

Alors que les effets du changement climatique se font déjà sentir en France, avec une augmentation des évènements extrêmes tels que les inondations, les vagues de chaleur ou encore les incendies, la question de l’adaptation devient centrale pour les territoires comme pour les organisations. Le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-3) fixe une stratégie ambitieuse pour préparer la société française aux impacts à venir. Il s’adresse aussi bien aux collectivités – via des outils comme le plan communal de sauvegarde – qu’aux entreprises exposées aux aléas climatiques. Dans ce contexte, Guillaume Becker, consultant risques climatiques chez CNPP, revient dans cette interview sur les grands enjeux du PNACC-3, la montée des risques combinés comme le NaTech, et l’intérêt d’engager une analyse de vulnérabilité avec des outils comme le référentiel CNPP 5011.
Quels sont les principaux risques climatiques auxquels la France doit se préparer ?
GB -Le changement climatique a pour effet l’augmentation en fréquence et en intensité des phénomènes.
Donc la nature de l’aléa ne change pas mais ses conséquences seront plus importantes. Les orages seront plus violents, les vagues de chaleurs plus importantes et plus fréquentes en été, par exemple. Les sécheresses plus longues et donc les inondations par ruissellement plus fréquentes. Les feux de forêt ou de végétation plus important et gagneront les régions du nord de la France etc…
Le gouvernement veut renforcer le fonds Barnier pour la prévention des catastrophes naturelles. Comment les ressources seront-elles utilisées ?
GB - Le fond Barnier va servir surtout aux collectivités pour investir dans la prévention et ainsi protéger les populations de leur territoire. Ainsi après une analyse de vulnérabilité des enjeux de la commune aux risques naturels, certaines actions de prévention que la commune souhaite mettre en place pourront être financées par le Fond Barnier.
Le fonds Barnier permet également de financer des travaux réalisés par les particuliers
et les petites entreprises pour réduire la vulnérabilité de leurs habitations ou locaux.

Avec l’augmentation des catastrophes naturelles, l’assurance devient un sujet clé. Comment le PNACC-3 prévoit-il d’adapter le système d’assurance ?
GB - Effectivement le système assurantiel est actuellement fragilisé par la récurrence des catastrophes naturelles. Le PNACC 3 prévoit donc 3 mesures pour renforcer le système de l’assurance.
- Créer un observatoire de l’assurance des catastrophes naturelles
- Préserver la mutualisation large des risques climatiques avec une offre assurantielle abordable et disponible sur le territoire
- Renforcer les efforts de prévention et la sensibilisation à l’adaptation aux risques naturels du grand public et de tous les acteurs en impliquant étroitement les acteurs de l’assurance et en mettant en place des services personnalisés d’information sur les mesures d’adaptation et les aides disponibles.
Certains événements naturels, comme les inondations ou les tempêtes, peuvent provoquer des accidents industriels graves. Pourquoi anticiper ces risques «NaTech» et comment les prévenir ?
GB - Un risque NaTech est effectivement la combinaison de l’aléa naturel sur l’enjeu qu’est le site industriel avec comme conséquence un accident industriel ou une pollution du milieu extérieur. Il est donc important de procéder à une analyse de vulnérabilité du site à ce type de risque pour pouvoir bâtir un plan de traitement permettant de prévenir ce type d’accident. La PNACC 3 en parle avec aussi le développement de ces scénarios dans les études de danger des sites ICPE ayant l’obligation de produire cette
dernière.
En quoi le référentiel CNPP 5011 aide-t-il les entreprises et collectivités à mieux anticiper les risques climatiques ?
GB - Le référentiel CNPP 5011 permet une réelle analyse des risques prenant en compte la réalité du terrain. Il permet d’apprécier l’ensemble des facteurs aggravant le risque sur le site mais aussi les moyens de prévention mis en place par l’exploitant.
Il permet d’obtenir un plan de traitement adapté à chaque scénario. Il peut être suivi dans le temps, et s’adapte aussi aux projections de la TRACC. Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC).
Le référentiel permet donc de répondre aux orientations du PNACC 3 mais aussi, puisqu’il s’agit d’une analyse de vulnérabilité, il répond aux demandes formulées dans l’amendement ISO A1 2024 et à ceux de la CSRD demandant aux chefs d’entreprises d’évaluer les risques liés aux risques climatiques physiques.
C’est un réel outil à porté de main pour les chefs d’entreprises ou élus souhaitant mener une analyse de vulnérabilité aux risques climatiques de leur organisation.
Face à l’intensification des phénomènes climatiques et à la complexité croissante des risques, il devient essentiel pour les collectivités, les industriels et l’ensemble des acteurs socio-économiques de se doter d’outils et de compétences adaptés. L’analyse de vulnérabilité, appuyée par des référentiels, s’inscrit dans une démarche proactive d’anticipation et de résilience. Pour aller plus loin, investir dans une formation aux aléas climatiques ou une formation risques naturels permet de renforcer la culture du risque, de mieux comprendre les enjeux du PNACC-3 et de mettre en œuvre des plans d’action efficaces à tous les niveaux.