Les cancers du pompier, une lente avancée de la prévention du risque
Différentes études indépendantes ont récemment démontré un lien probant entre retardateurs de flamme et risques de cancers dans la populations de pompiers.
Un lien entre retardateurs de flamme et cancers
"Il faut protéger ceux qui nous protègent" tel est le combat du colonel Norbert Berginiat pour prévenir les risques de cancers liés aux retardateurs de flammes qui touchent les pompiers français.
Une étude indépendante a récemment pointé du doigt le lien entre retardateurs de flammes et cancers chez les pompiers.
Cette enquête mets en évidence la relation entre les retardateurs de flammes, présents dans une majorité d'objets du quotidien, et les diagnostics de cancers qui touchent particulièrement les soldats du feu français.
Reconnues comme polluants très toxiques et cancérigènes, ces substances qui ont pour objectif de ralentir le développement des feux domestiques sont aussi qualifiées comme étant des produits chimiques neurotoxiques.
Alors encore Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés Locales, Nicolas Sarkorzy recommandait en 2003 "qu'il y ait un travail épidémiologique sur les pompiers et une meilleure prise en compte des cancers." Alors que 4% des pompiers seraient atteints de cancers liés à leur activité, les solutions de prévention peinent à s'imposer dans la réglementation et à trouver une oreille attentive dans la sphère médicale.
Cependant, le centre international de recherche sur le cancer, institut émanant de l'OMS, a officiellement fait le lien entre cancer et exposition à ces substances toxiques.
Des méthodes de protection simples à mettre en œuvre
En effet, même si les méthodes de protection progressent de manière encourageante, les procédés opérationnels n'ont pas toujours été optimaux. Il y a encore que quelques années les ARI (Appareils Respiratoires Isolants) n'étaient portés par les pompiers que pendant la phase d'attaque du feu alors que les recherches épidémiologiques ont montrés explicitement que les matériaux encore brûlants laissent échapper des produit chimiques potentiellement dangereux.
Désormais les ARI sont obligatoires dès le début du travail d'extinction, avant même que les pompiers soient confrontés directement aux flammes. Des étapes de "reconditionnement des hommes" qui comprennent un déshabillage méticuleux et un lavage complet sans attendre le retour à la caserne ou au domicile sont aussi des mesures prises par les services départementaux d'incendie et de secours.
Faisant face à ce constat le colonel Norbert Berginiat, interrogé par France Info, cite des solutions efficaces et simples à mettre en œuvre. La première des étapes selon lui serait que la reconnaissance des cancers des pompiers soit plus large et que les institutions médicales reconnaissent le cancer du poumon et celui de la vessie. Une meilleure reconnaissance contribue forcément à de meilleures actions de prévention et de maîtrise du risque.
Fort de ce constat et compte tenu de ces lentes avancées, il semble important d'insister sur le fait que la protection des équipiers de seconde intervention est fondamentale pour protéger les pompiers des risques auxquels ils font face. Le port de l'ARI et l'ensemble des mesures de gestion des risques HSE constituent un socle solide à une meilleure maîtrise des risques pour protéger ceux qui nous protègent. Enfin, rappelons que cette maîtrise des risques passe aussi par :
- la connaissance et la caractérisation des agents chimiques toxiques et leurs modes d’actions ;
- l‘identification des incendies qui dégagent le plus de ces agents chimiques ;
- la mise en place de mesures de décontamination qu’il faut d’abord décrire et qualifier ;
- la coordination, sur le terrain, de l’action prioritaire de lutte contre les incendies avec les actions de défense contre les toxiques.
Ces éléments sont développés dans le livre « La protection des équipes d’intervention » de Dominique Anelli et Dominique Rohr qui, soucieux d’alerter sur les risques encourus par les sapeurs-pompiers, ont fait le choix de s’exprimer et de partager leur expérience sur le sujet.